Participants :
Jean-Paul, Hubert, Jacques, Mathieu (jeune recrue au groupe montagne) et Stéphane.
Nous devions être initialement huit, mais Bernard Vernhes, Michel Martin et Egisto Dardi n’ont pas pu se joindre à nous pour des petits pépins de santé qui auraient pu s’avérer gênant en altitude.
Samedi 18 avril :
Départ en voiture de Toulouse dans la matinée (8h30) pour Jacques et moi à destination de Chamonix. Nous arrivons à Chamonix vers 17h00 où nous rejoignons Hubert qui lui est arrivé environ une heure avant. Jean-Paul arrivera vers 21h00.
Nous nous régalons d’un repas concocté par Hubert au gîte CE de Chamonix.
Photos du jour
Dimanche 19 avril :
Après une bonne nuit et un petit déjeuner, nous attendons le dernier partant (Mathieu), qui lui arrive de Grenoble avec son véhicule.
Départ de Chamonix pour la vallée de Valsavarenche pour une montée au refuge Chabod (2710m). Ce que je craignais, se confirme, le retour d’Est nous fait arriver sous la pluie en Italie après les 12kms du tunnel du Mont-Blanc.
En montant en altitude la neige se substitue à la pluie et nous découvrons dans cette vallée encaissée les ravages des différentes avalanches de l’hiver.
Jacques et Mathieu font une navette de voiture afin de laisser la voiture de Jacques à Pont (1960m-village au fond de la vallée et point d’arrivée du dernier jour de notre raid).
Nous nous préparons sous la neige (sac, affaires, victuailles et boissons…bien-sûr !!) et nous partons du parking (Alpage Pravieux-1834m) pour le refuge Chabod sous la neige.
Après 3h15 de montée dans le mauvais temps, nous arrivons enfin au refuge. De part les quantités importantes de neige, ce refuge est bien placé car la montée n’est pas très exposée aux risques d’avalanche (celui de Vittorio Emanuele l’est beaucoup plus).
Au refuge, la gardienne italienne nous accueille. Nous récupérons une chambre de six. Ce refuge (capacité de 85 couchages) a été construit en 1985 et donc très bien aménagé. Chambres relativement spacieuses, salle commune avec un poêle à bois qui permet de faire sécher nos affaires bien mouillés par la montée. Nous prenons donc nos marques rapidement dans ce refuge. Surtout que nous ne sommes pas très nombreux (nous et deux groupes de deux personnes).
Au coucher, la neige tombe toujours…
Photos du jour
Lundi 20 avril :
Au lever, la neige tombe toujours… J’avais prévu de faire le col du Grand Neyron Est (3414m) pour commencer à s’acclimater à l’altitude. Au vu des conditions météorologiques et nivologiques, il est plus prudent de renoncer. Les deux groupes qui nous tenaient compagnie au refuge, redescendent dans la vallée. Pour eux, le (Grand) Paradis sera pour une prochaine fois…
La première journée s’annonce longue… Surtout pour Mathieu qui découvre la randonnée à ski et les joies d’attente au refuge. Pour patienter, nous l’initions (Hubert, Jean-Paul et moi) au « Polignac », jeu de cartes très pratiqué aux alentours de Castres. Il comprend très vite les règles…
Dans l’après-midi, mes quatre compagnons se proposent d’aider le mari de la gardienne à déneiger les contours du refuge car il est tombé depuis la veille environ 60cm de poudreuse. Quant à moi, je prépare mes itinéraires (relevé, azimuts, etc…) des jours à venir.
En fin d’après-midi, nous voyons arriver au refuge deux groupes (un guide français de Chamonix accompagné de cinq alsaciens et un guide italien lui accompagné de quatre hollandais et d’une hollandaise…).
A l’heure du dîner, la gardienne nous offre l’apéro pour l’aide des quatre « Poclain »…
Après le repas, je discute un peu avec le guide italien et lui dis mes ambitions modestes pour le lendemain. La météo est annoncée plus clémente, une sortie est donc envisageable. Pour moi, l’objectif sera le même que je m’étais fixé pour ce jour (col du Grand Neyron Est). D’un commun accord avec les deux guides nous irons dans ce seul secteur peu exposé aux risques d’avalanche car en altitude la quantité de neige tombée doit être bien plus supérieure qu’au refuge (1m environ). En plus pour faire la trace dans ces conditions, c’est plus facile à trois.
Au coucher, la neige tombe toujours mais il semblerait que cela s’atténue. L’espoir revient.
Photos du jour
Mardi 21 avril :
Au lever : petit regard par la fenêtre. Il fait beau. Debout !!! Là-dedans…
Départ vers 9h pour le col du Grand Neyron Est. Le brassage de la montée commence. C’est le guide français qui s’y colle en premier. Nous nous relayons à quatre pour faire la trace. La montée est lente et pour ma part, j’en ai par endroit au dessus des genoux… Le cortège des trois groupes suit. Heureusement, les pentes sont douces mais je pense à la descente qui risque d’être laborieuse du fait de la faiblesse de la pente et de la quantité de neige. Nous nous approchons du col et des nuages refont leur apparition. Vers le col (plutôt une fenêtre comme on dirait en Suisse), les pentes s’accentuent un peu et nous décidons de ne pas y aller pour deux raisons, le temps se gâte et le col en lui même est inaccessible à cause de la neige. Nous nous arrêtons environ à la hauteur et à 200m de l’objectif. Petit à petit, tout le monde nous rejoint.
Après que tous se soient mis en condition de descente, nous l’attaquons sous des nuages qui semblent se dissiper. La descente n’est pas fantastique, sauf à quelques endroits (trop de neige pour une déclivité faible). Elle se fait la plupart du temps dans les traces de montée pour pouvoir glisser. Heureusement le paysage et le soleil sont là pour nous faire oublier cette descente un peu fastidieuse.
De retour au refuge, nous Mardi 21 avril :nous restaurons… Les alsaciens se préparent à redescendre car pour eux le 4000 était prévu ce jour, impossible par ces conditions. Ils reviendront.
Dans l’après-midi, nous faisons (les mêmes) la revanche au Polignac. Les parties sont toujours bien animées…
Nous voyons arriver un nouveau groupe au refuge. Encore des français…et de chez nous cette fois : un guide, un pisteur (tous deux de Luz) et cinq clients (de Lourdes et Pau). Durant la soirée des liens se créent. Affinités régionales certainement…
Après le repas, discussion avec les deux guides (italien et français) au coin du poêle. Pour ma part, le lendemain nous devions faire la traversée Chabot-Emanuele pour faire le sommet du Grand Paradis le jeudi. Mais comme le lendemain doit être la meilleure journée, peut-être que nous ferons le sommet. Tout dépendra de la forme du groupe au cours de la montée (1350m jusqu’au sommet depuis Chabot). Dans tous les cas, les trois groupes partiront ensemble. Encore une fois pour la trace à faire car jusqu’à la jonction de l’itinéraire provenant de Vittorio Emanuele, l’itinéraire est vierge.
Photos du jour
Mercredi 22 avril :
Réveil à 5h15 : ça change de la veille. Mathieu découvre le lever matinal en ski de rando…
Nous quittons le refuge Chabod vers 6h00. Comme la veille, le chantier débute. Trace de plus de 40cm. Nous nous relayons à cinq (les guides, le pisteur, Jacques et moi). Dans la montée, le guide français me fait part de ses traçages solitaires lors de raids précédents. A cinq, c’est plus cool… Je confirme. Certains passages (pas nombreux et pas trop longs) sont délicats du fait de la faible stabilisation du manteau neigeux. Nous prenons les précautions d’usage. Après plus de quatre heures, nous rejoignons en contrebas d’un col (3306m), la trace de montée en provenance de Vittorio Emanuele. Le groupe est d’attaque pour aller vers le Grand Paradis, de plus le temps est radieux. Il serait dommage de reporter l’ascension au lendemain. En définitive, les trois groupes prennent la direction du sommet. La trace est faite et chacun grimpe à son rythme. Encore une fois, Mathieu découvre la haute altitude et la sensation de manque d’air à l’effort. Bref, nous atteignons le col sous le sommet environ deux heures trente après. Il y a peu de place et nous sommes assez nombreux à laisser nos skis à cet endroit avant de finir par la crête mixte. Le Grand Paradis (4061m) est atteint après le court passage « gazeux ». Quelques photos au sommet, en compagnie de nos camarades et compatriotes européens immortaliseront cette superbe journée.
La descente est meilleure que la veille, les pentes se prêtent plus au ski mais des crevasses et séracs nous rappellent qu’il faut rester vigilant dans ce genre de terrain et ne pas se laisser griser par l’ambiance et la vitesse… Après 1300m de descente, nous atteignons le refuge Vittorio Emanuele (2735m). Le groupe est ravi et également content d’être arrivé car après plus de 9h de rando, les organismes commencent à être bien entamés.
Heureusement, le refuge n’est pas en rupture de stock de liquide régénérateur… Nous dégustons donc une bonne bière face au Ciarforon (3642m), sommet caractéristique avec sa calotte glaciaire.
Le refuge Vittorio Emanuele est beaucoup plus fréquenté que celui de Chabod. En effet, il reste le départ privilégié pour atteindre le Grand Paradis car la distance est plus courte qu’au départ de Chabod. Bref, nous héritons d’une chambre pour cinq. Nous sommes un peu à l’étroit, heureusement que nous n’y restons que deux nuits.
L’objectif du lendemain est le Mont Trésenta (3609m) entre le col du Grand Paradis et le Ciarforon.
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Jeudi 23 avril :
Réveil 5h15 (bis). Nous quittons le refuge vers 6h, le temps a l’air plus capricieux. Le vent crée des panaches de neige poudreuse en haut des cimes. Le choix de la veille s’avère de plus en plus judicieux. Ceci ne nous empêche pas de monter en direction du sommet et de se rapprocher petit à petit du groupe du guide français dont l’objectif du jour est le même que le nôtre. Plus on monte et plus le vent se renforce, les visages sont cinglés.par des rafales. Sensation pas très agréable. Les trois cents derniers mètres sont en soufflés, j’en conclus que la descente ne sera pas fantastique. Sur ces faits, je décide d’arrêter Jacques à 100m du but car au sommet les conditions doivent être en plus « dantesques ».
Nous réalisons une descente dans une neige très changeante (poudreuse, dure, puis croûtée). Nous arrivons au refuge vers 11h.
Au départ, nous devions faire le Grand Paradis le jeudi et dormir une dernière nuit (jeudi à vendredi) au refuge. La descente du refuge ne devait se faire que le vendredi matin. D’un commun accord, nous décidons de descendre ce jour car nous ne ferons rien de plus. Nous plions donc nos affaires et attaquons la descente. La neige est assez lourde à la descente, la vigilance est de rigueur. Il serait absurde de se blesser le dernier jour.
A l’arrivée, tout le monde est ravi de ce périple. Nous rangeons nos affaires et pour finir nous buvons le verre de l’amitié avec le groupe du guide français. Nous quittons Pont pour la France vers 15h. Nous nous arrêtons à la gare de St Gervais pour déposer Hubert et Jean-Paul et en profitons pour boire un dernier verre. Après cet intermède, Jacques et moi prenons la route pour Toulouse, Mathieu pour Grenoble. Jean-Paul et Hubert quant à eux passeront la nuit à Chamonix pour remonter le lendemain dans le Noooord…
Photos du jour
Conclusion :
Ce fût un raid très apprécié par chacun de nous. Mathieu qui était le benjamin du groupe débutait le ski de rando par un raid. Il a très bien tenu le coup, il reviendra sans hésiter. Félicitations également aux plus anciens qui se sont très bien comportés dans l’effort comme chaque fois.
Même si le temps a été mitigé, il nous a permis d’atteindre l’objectif du raid (le 4000). J’avais prévu de faire un autre sommet en début de raid mais les conditions ne l’ont pas permis. Pour cette raison mais également le fait que certains n’ont pas pu venir cette fois, je remettrai le Grand Paradis au programme dans quelques années avec un autre massif dans la même semaine.
Concernant les refuges, nous fûmes très bien accueillis au refuge Chabod, celui d’Emanuele est plus anonyme, dû certainement au nombre de personnes présentes et au seul jour passé dans ses murs. Je conseillerai donc aux personnes voulant faire uniquement le Grand Paradis de le faire à partir du refuge Chabod même si la distance est un peu plus longue, le dénivelé reste le même.
Stéphane