La météo annoncée à compter du samedi 18 avril pour quatre jours étant pas trop mauvaise, je décide de partir même si malheureusement cela pénalise pas mal de personnes qui auraient aimé participer à ce raid.
Samedi 18 :
Nous nous retrouvons donc quatre (Patrice, Philippe, Yann et moi-même) à pouvoir prendre la direction de la vallée de Gressoney dans le Val d’Aoste (Italie). Le départ de Toulouse se fait très tôt (4h45) car nous devons être au plus tard à 14h30 à Staffal (1815m) pour prendre la dernière remontée mécanique à 15h45 afin de nous approcher le plus possible du refuge « Citta di Mantova » (3455m), tout en passant par Meylan (banlieue grenobloise) pour récupérer Yann. Nous arrivons à Staffal à 14h15 environ, préparons nos sacs et fissa direction les remontées mécaniques. Le timing prévisionnel est bon car nous arrivons à prendre à 15h30 l’avant dernière montée du téléphérique qui nous mène à 3240m. De là, mise des peaux et direction le refuge qui n’est qu’à 45 minutes de la gare d’arrivée du téléphérique. Nous montons sous un ciel couvert mais avec une assez bonne visibilité. Après quelques efforts, nous arrivons au refuge vers 16h30 et faisons connaissance avec le personnel qui parle tous français (avantage du Val d’Aoste 🙂 ). On nous attribue une petite chambre de quatre très sympa. Nous n’aurons donc pas à subir les « contraintes » d’un dortoir bondé… Le confort tout relatif à cette altitude est au rendez-vous même si la douche manque pour Philippe. Sans regret, Dominique n’avait pas pris son peignoir…Certains comprendront.
Le soir, nous prenons le repas dans la salle commune à une table que nous ne quitterons pas des six jours du raid, habitués oblige… 🙂
Dimanche 19 :
Réveil prévue à 6h00 pour aller faire le premier 4000 du séjour : la Punta Giordani (4046m). Le temps est « bâché » et il a neigé un peu durant la nuit. Je décide donc de rester au lit encore une heure. Cela ne dérange personne… Vers 7h00, le ciel semble vouloir s’ouvrir, donc direction le petit déjeuner. Vers 9h00, nous partons pour la Punta Giordani entre nuages et soleil. La montée s’effectue sans problème même si les effets de l’altitude se font tout de même sentir. Après 3 heures de montée, nous atteignons le sommet. La descente se fait sous un beau soleil et sur les quelques centimètres de poudreuse. 🙂
Peu avant 14h00, nous sommes de retour au refuge pour attaquer une bonne bière avec la charcuterie et le fromage de Patrice…qui amène beaucoup de victuailles généralement et un en particulier le sait… 😀
Nous flânons le reste de la journée au refuge en admirant la mer de nuage et en attendant le repas du soir…
Lundi 20 :
Le beau temps s’installant, nous partons pour une journée plus longue que la veille. La destination du jour est le Ludwigshöhe (4341m). Le départ s’effectue vers 7h15 et nous empruntons pour la première fois le tronçon commun à plusieurs itinéraires qui nous mène à l’altitude de 4000m. Ensuite, nous bifurquons pour prendre la direction du bivouac Giordano (4167m), posé sur le Balmenhorn, pour ensuite passer à proximité du Schwarzhorn (4322m) et finir au sommet du Ludwigshöhe par l’intermédiaire d’une arête facile (mise en bouche avant des accès à d’autres sommets un peu plus compliqués…). Nous mettons pour la première fois les pieds en Suisse puisque ce sommet est frontalier. Au sommet, Philippe assistera avec stupéfaction à une vingtaine de mètres de lui à la disparition d’un alpiniste arrivant par la face N du sommet. Ce dernier passant au travers d’un pont de neige de la rimaye. Après quelques secondes, celui-ci sort du trou à l’aide de son piolet, sans une égratignure et finit par nous rejoindre au sommet. Après quelques clichés et cet événement nous quittons le Ludwigshöhe et attaquons la descente en passant par l’autre côté du Balmenhorn. De retour au refuge vers 13h30, en étant au préalable descendu plus bas que celui-ci afin d’observer plus en détail un itinéraire éventuellement envisageable un des jours suivants (descente du glacier du Lys). En terrasse, nous continuons comme la veille à écouler la saucisse, le jambon et le fromage de Patrice avec un bon demi. 🙂
Mardi 21 :
La grosse journée du raid car il y a ce jour au programme trois 4000. Et pas des moindres puisqu’il y a les 5ème et 6ème 4000 des Alpes (classement UIAA). Départ tôt à 7h00 pour la première étape du parcours, le « tronc commun » jusqu’à 4000m, ensuite nous nous dirigeons vers le Col du Lys (4255m). Après une descente sans sortir les peaux, nous allons en direction de la Punta Zumstein (4563m). Le sommet se gagne par une arête en mixte. Je décide de prendre la corde, ce qui s’avérera judicieux par la suite… Après quelques minutes d’ascension de l’arête, nous nous retrouvons tous sur le 5ème plus au sommet des Alpes. Pour la descente de l’arête, la corde est nécessaire pour tranquilliser une certaine personne afin qu’elle ne se trouve pas dans la même situation que le jour où elle passa le Pas de Mahomet à l’Anéto… 🙂
Après la Punta Zumstein, nous allons crampons aux pieds en direction de la Punta Gnifetti ou Signalkuppe (4554m) en passant par le Col Gnifetti (4454m). La montée est assez facile pour atteindre le sommet sur lequel est posé et attaché par des câbles le plus haut refuge d’Europe (refuge Margherita). Là, comble du hasard, nous rencontrons deux bagnérais (de Bigorre). Patrice se sent moins seul sur le 6ème sommet des Alpes… Bref, après quelques bavardages nous continuons par la crête de la Punta Gnifetti afin de descendre en ski par la face SO (pente à 40° sur 200m) pour s’approcher du 3ème 4000 de la journée, la Punta Parrot (4432m). Projet nous ayant été suggéré par deux suisses francophones très sympas (Christophe et Michel) la veille au refuge. La descente ne sera pas possible en définitive car la face SO est « vitrée ». Nous rebroussons chemin pour repasser par les traces de montée et rejoindre la « voie normale » pour atteindre le pied de l’arête E de la Punta Parrot. Nous atteignons le sommet et redescendons par l’arête O. Ce sommet est vraiment superbe à faire en traversée. Philippe se régale sur ce type d’arête un peu effilée… :-S
Après cet épisode piéton, nous rechaussons les skis pour attaquer la descente vers le refuge où nous arrivons aux alentours de 15h00.
Cela aura été une superbe journée à 8 heures de course sous un soleil radieux et où Philippe se sera mis « LES WATTS !!! » à certains endroits comme il dit.
Après le traditionnel casse-croûte d’après course, nous décidons d’initier notre ami grenoblois Yann au jeu de carte mondialement connu : le Polignac… Les parties s’enchaînent jusqu’au repas de 19h…
Mercredi 22 :
Ce jour, départ un peu différé (8h15) par rapport aux autres jours car l’objectif de la journée est le Naso du Lyskamm (4272m) et qu’il faut que la face E (100m à 45°) par laquelle nous redescendrons ait un peu « chauffé ». La montée s’effectue par le tronc commun que nous commençons vraiment à connaître… Ensuite nous prenons la direction de l’Ouest pour se retrouver au pied des 100m de la face E que nous gravissons en crampons. Après ces 100m, la pente se radoucit et nous continuons à pieds en laissant nos skis à 150m sous le sommet car le terrain est gelé. Nous accédons au sommet et profitons de la vue sur les 4000 faits la veille. Après avoir rejoint nos skis, nous attaquons la descente pour se lancer dans les 100m à 45° qui ne poseront pas de problème particulier sauf quelques incompréhensions sur le passage à prendre pour traverser la rimaye de fin de pente… Le « repeautage » sera nécessaire pour atteindre la fameuse côte des 4000m pour finir la descente en direction du camp de base et y arriver vers 13h45. Encore une belle journée ensoleillée.
Les stocks de Patrice étant quasiment à sec, on est obligé de se rabattre sur le restaurant du refuge. Ça tombe bien car c’est omelette ce midi…Un peu moins copieuse que celle du refuge de la Vanoise tout de même. Il faut dire que leurs spécialités, c’est plutôt les pâtes à nos amis italiens…
Sous les sollicitations de Yann qui est devenu «addict», nous finissons l’après-midi par des parties de Polignac. 🙂
La météo se maintenant au beau jusqu’au vendredi, je décide pour le lendemain de faire une boucle depuis le refuge en passant sous le Col du Naso du Lyskamm, descendre le glacier du Lys en rive droite pour ensuite rejoindre sa rive gauche (traversée en partie médiane du glacier) et finir la descente jusqu’aux sources du Lys (2417m) pour ensuite remonter au refuge en passant par le Col Salza (2882m). Une journée à 1600m positif…qui provoque quelques grimaces sur certains visages.
Jeudi 23 :
Comme la veille, le réveil est à 7h00 car l’itinéraire que nous allons emprunter demande à « chauffer » un peu sous le Col du Naso du Lyskamm. Malheureusement, une grosse coulée s’est produite durant la nuit, provoquée certainement par la chute d’un sérac depuis le plat du Col du Naso. Ceci remet en question la course du jour car la coulée obstrue pas mal notre itinéraire. Je décide d’annuler cette course et de se rabattre sur celle prévue le lendemain, à savoir la Pyramide Vincent (4215m). En conséquence, ce sera la dernière journée du raid car j’avais prévu de finir par ce sommet. Course assez rapide permettant de prendre la route en suivant afin de rentrer dans nos chaumières respectives tard dans la nuit.
Nous attaquons donc pour la dernière fois vers 8h45, sans regret, le « tronc commun ». Ensuite, nous finissons à skis pour certains et à crampons pour d’autres la pente glaciaire qui mène au sommet. Après, un dernier tour d’horizon sur les 4000 du Mont Rose :-B , nous attaquons la descente. De retour au refuge à midi, on défait et refait nos sacs pour avaler les 1600m de descente et rejoindre Staffal en 45mn environ. Après rangement des affaires dans la voiture, on décide de se faire un petit restaurant italien pour ne pas faire les 9 heures de route le ventre vide.
Après avoir déposé Yann à Meylan, nous continuons notre route pour Toulouse, où nous arrivons après minuit.
En conclusion, ce fût un superbe raid où tout le monde en a bien profité, avec en prime le beau temps sur les cinq jours. Certes les descentes en ski ne furent pas des plus mémorables car la neige à cette altitude reste souvent dure ou ventée mais se font dans un environnement magnifique, ceci faisant oublier cela.
Du fait de l’absence de certains, n’ayant pu se libérer cette semaine, je proposerai à nouveau et assez rapidement cette destination (au plus tôt dans les deux ans), avec un programme un peu modifié afin d’aller gravir de nouveaux 4000 de ce fabuleux massif.
Stéphane