Raid Ski de randonnée dans le massif de l’Ortlès (Alpes italiennes) du 5 au 11 avril 2025

Enfin nous partons dans l’Ortlès. Massif italien au Nord-Est de Milan dont Bormio est la station connue pour sa descente de ski sur le circuit coupe du monde. Cette destination m’avait été suggérée par Gérald en 2018 car il y était allé avec Régis en 2014 avec un petit goût d’inachevé du fait qu’ils n’avaient pas pu faire le sommet référant du massif, le Gran Zebrù (3851m). Après multiples événements dont la période COVID, des conditions météo ou nivologiques non propices aux périodes choisies, impossible de concrétiser cette destination avant cette année. Là, la fenêtre météo semble bonne et stable pour y aller. Condition nécessaire car ce massif est loin, temps estimé du parcours depuis Toulouse, environ 13h de route…

Les partants pour la destination : Juliette, Gérald, Philippe et Stéphane.

Samedi 5 :
Départ de Toulouse tôt (5h30) pour les trois gars car la route est longue et nous devons récupérer Juliette aux Houches. Petit détour mais cela permettra de faire une pause d’environ une heure et de déjeuner sous un beau soleil avec vue sur le magnifique massif du Mont Blanc. Après la pause déjeuner départ pour l’Italie (Bormio) via le tunnel du Mont-Blanc (environ 1h d’attente pour entrer dans le tunnel). La route est fluide mais c’est long. Après cinq de route, nous arrivons enfin à l’hôtel Ostello Alpino à Bormio (1200m) vers 19h30. Repas dans une pizzeria à 5mn à pied. Après le dîner, retour à l’hôtel et dodo.

Dimanche 6 :
Etant attendu au refuge Pizzini (2706m) que pour le repas du soir (19h), j’avais proposé la veille à mes camarades durant le trajet de faire une journée mixte de ski (alpin et rando). A savoir, découvrir la station de ski de Bormio sur 4/5h et ensuite monter au refuge en milieu d’après-midi. Nous quittons donc l’hôtel pour aller vers la station. Il fait beau avec du vent soutenu.

Il fait beau avec du vent soutenu. La neige est assez dure. On profite tout de même du domaine qui par bonnes conditions doit offrir de jolis secteur hors-piste…

On opte pour une séance ski de piste non-stop de 4h car nous sommes de Bormio à environ 30mn de voiture du point de départ (Parking du Forni à 2150m) pour le refuge Pizzini et je compte un peu moins de deux heures pour y monter.

Paquetage fait, nous attaquons à 16h00 le sentier skis sur le sac car il manque un peu de neige. Heureusement le portage n’est que sur environ 500m pour ensuite mettre les skis aux pieds.

Après 1h45mn nous arrivons au refuge. Nous faisons la connaissance de Claudio le gardien. Il nous propose soit une chambre de 4 avec sanitaire et douche commune ou chambre de 4 avec sanitaire et douche « privés » avec un petit supplément financier. Le choix est vite fait par certains, ce sera la chambre « privative »… 😊

Nous avons le temps de nous installer tranquillement avant le premier repas à 19h. Comme d’habitude dans les refuges italiens, nous ne serons pas déçus par les repas (« rabe » de pâtes ou de soupe en entrée).

Lundi 7 :
Le réveil n’est pas trop matinal car le petit-déjeuner est à 7h… Cela semble convenir pour le type de courses qui se font autour du refuge.

Pour la première sortie, j’ai prévu un sommet pas très éloigné du refuge mais qui permettra un repérage pour l’objectif du raid à savoir le Gran Zebrù.

Seule ombre, le vent qui est fort ce matin. On temporise un peu avant de partir en espérant que le vent s’arrête ou s’attenue un peu. Le vent ne se calmant pas trop, on décide tout de même de sortir pour ne pas passer la journée à jouer aux cartes… 😊. Seul Gérald préfère rester au refuge car il n’est pas totalement remis de son rhume.

Direction la Cima Pale Rosse-Nord (3446m) sous un ciel parfaitement bleu. Au bout d’une heure de montée, on arrive à observer le départ du passage un peu technique (couloir à 45°) sur le parcours qui mène au Gran Zebrù. Nous continuons vers la Cima Pale Rosse-Nord.

Ayant la vue de la face, je décide de partir vers la Cima Pale Rosse-Sud (3401m) qui semble beaucoup plus accessible au niveau alpi. par son arête Nord. Arrivé au niveau de l’arête Nord, je m’aperçois qu’accéder ne sera pas chose facile car un ressaut fait obstacle donc option par l’arête Sud.

Là, ce n’est pas le côté rocher qui pose problème mais la neige de la pente pour y accéder. Je soupçonne une plaque. Mon choix sera de renoncer et d’opter pour un autre sommet moins exposé.

On « dépeaute » à la côte 3360m et nous attaquons la descente sur 460m afin de remettre les peaux pour faire un autre point sur la crête de la Cima Pale Rosse (3060m). Au bout de 40mn, nous atteignons le point haut.

D’où nous sommes, nous voyons très bien le refuge et il sera facile de le rejoindre par une belle descente.

Première sortie en recherche un peu d’objectif mais sur laquelle nous aurons quasiment 1000m de dénivelé. Pas mal pour une mise en route dans le massif. Le breuvage de houblon est bien mérité… 😉

Mardi 8 :
Bonne nouvelle au réveil, il n’y a pas de vent ce matin, ni au refuge ni en altitude. Je choisis donc ce matin d’amener les amis au Gran Zebrù. Comme la veille, nous prenons le petit-déjeuner à 7h00. Par contre, nous ne trainons pas car je pense que la journée sera plus sport que la veille… 😊

Tout le monde s’équipe et nous partons du refuge à 8h10. Nous ne serons pas seul au sommet car d’autres groupes nous devancent… Les 500 premiers mètres de dénivelé sont communs par rapport à la sortie de la veille. Cela bifurque à la côte 3150m pour atteindre le pied du couloir Collo di bottiglia (3330m). Skis sur le sac pour monter le couloir à 40° sur 150 mètres afin de rejoindre la grande face Sud-Est.

Sortie du couloir, surprise pour certains, on continue skis sur le sac jusqu’en haut car la pente Sud-Est reste à raide avec neige dure du matin…On continue tous ensemble jusqu’à la côte 3700m.

Là, Gérald et Philippe déposent leurs skis pour continuer jusqu’au sommet tandis que Juliette me suit skis sur le sac. Il reste 150m de dénivelé par une pente qui se raidi au-delà de 45° sur une vingtaine de mètres. La fin se termine par une arête de neige assez effilée sur environ 70m avec en prime quelques rafales de vent…

Après 3h de montée, nous arrivons tous au sommet où nous avons un joli panorama sur tous les hauts sommets de l’Ortlès (Monte Zebrù, Ortles, Monte Cevedale, Punta San Matteo…).

Gérald et Philippe repartent à pied retrouver leurs skis à 3700m. Juliette et moi chaussons les skis pour attaquer la descente. Nous restons prudents car la neige n’est pas trop « moquette » et particulièrement au niveau du passage le plus raide. Nous allons un peu plus vite que Gérald et Philippe. Nous les attendons le temps qu’ils arrivent à leurs skis, qu’ils hottent leurs crampons et qu’ils enclenchent leurs skis.

Nous rejoignons le haut du couloir Collo di bottiglia. Là, bonne surprise, la neige n’est pas dure comme dans la montée du matin. Ceci nous invite Juliette et moi à continuer à skis pour descendre le couloir tandis que Gérald et Philippe préfèrent remettre les skis sur le sac. Le couloir descendu en skis ou à pied, nous nous retrouvons tous à ski pour arriver au refuge un peu plus de 5h après notre départ…

Tout le monde est ravi de la journée et de cette course qui est complète (ski et marche). Encore plus que la veille, le houblon est amplement mérité avec 1150m de dénivelé ainsi qu’une après-midi de repos… 😉

Mercredi 9 :
Pour cette journée, nous ne serons que trois car Gérald préfère se reposer d’autant plus que ce sera très certainement la journée la plus longue. Nous quittons le refuge à la même heure que la veille pour rejoindre le Monte Pasquale (3553m), sommet au Sud-Est du refuge et visible de celui-ci.

Jusqu’à la côte 3150m, l’itinéraire est commun avec celui pour faire le Monte Cevedale (3769m). Deux choix sont possibles pour faire le sommet, soit rejoindre le col Pasquale pour ensuite toujours à ski prendre la crête Est pour aller jusqu’au sommet soit déposer les skis sur le versant Est à 3350m et finir à pied. Pour faire comme la veille une course mixte, j’opte pour le deuxième choix. 

Après avoir déposé nos skis et mis les crampons nous attaquons la pente raide Est qui s’aplanit progressivement jusqu’au sommet sous un beau soleil.

Nous sommes seuls mais nous voyons arriver un skieur ayant fait le parcours passant par le col. Nous ne nous éternisons pas car il reste encore du chemin à faire. Nous rejoignons nos skis pour rattaquer une montée qui nous mènera au col Pasquale.

Après une petite pause au col, nous attaquons la descente versant Sud dans une belle pente soutenue au départ. Vers la côte 3240m, il faut un peu réfléchir sur le passage car on devine une potentielle barre. On fait le choix de passer le plus à gauche et ne pas s’engager dans un des couloirs qui semble au départ franchissable.

Notre choix aura été le bon car plus bas on constatera qu’il n’y avait pas d’autres passages possibles avec les quantités de neige du moment. Ce passage franchi, on se pose sur un rocher à 3100m pour manger un peu.

Après la pause, nous continuons la descente en essayant de rejoindre au mieux le Ponte della Girela (2350m) en contournant la Cima Branca (3095m) et en restant sur les portions de neige sur la partie basse.

L’objectif étant atteint, nous remettons les peaux pour rentrer au refuge. Nous mettrons une heure pour faire la dernière portion de notre itinéraire où Gérald nous attend. Je finirai par dire que ce fut une belle boucle avec 1300m de dénivelé.

Jeudi 10 :
C’est la dernière sortie du raid. Ce matin, le groupe de quatre est reformé car Gérald se sent mieux. Le point but du jour est le Monte Cevedale (3769m), autre sommet majeur du massif.

Une variante est possible pour accéder au sommet : passer par le col de Cevedale (3256m) à proximité du refuge Casati ou passer par le même itinéraire que la veille avec la bifurcation à la côte 3150m. Ayant fait le choix de rentrer en France ce jour, l’option la plus courte est prise (itinéraire commun de la veille).
Nous partons du refuge un peu plus tôt que les autres jours (7h50).

Après une heure de montée, nous bifurquons pour rejoindre l’itinéraire de la variante à 3500m. nous continuons en direction du col entre le Monte Cevedale et la Cima Cevedale (3757m) pour ensuite tirer vers la crête de l’objectif.

Nous arrivons au sommet 3h après notre départ. Nous n’y restons pas car il y a un fort vent du Nord. Nous nous posons au soleil juste en contre bas du sommet versant Sud pour être à l’abris du vent.

La pause de 20mn terminée, nous attaquons la descente par le même itinéraire qu’à la montée. Nous croisons quelques groupes partis certainement après nous du refuge.

Au bout de 30mn nous arrivons au refuge.
Avant de prendre un dernier repas au refuge, nous préparons notre sac avec les affaires que nous avions laissé dans la salle hors-sac. Pour le souvenir du refuge, nous prenons une photo en compagnie de Claudio le gardien. L’accueil et la prestation du refuge ont été à la hauteur.

Sac bien chargé sur le dos, nous partons du refuge pour rejoindre la voiture. La descente nous prendra 40mn et on arrivera quasiment en ski jusqu’au parking en zigzaguant sur les zones de neige en fin de parcours. Il nous faudra porter nos skis environ 400 mètres.

Nous chargeons la voiture et partons pour Chamonix où nous dormirons.

Le lendemain, ce sera le retour à Toulouse pour Gérald, Philippe et moi. Juliette restera sur Chamonix pour un week-end en famille.

Pour conclure, on peut dire que ce raid se sera très bien passé. Certes, ça fait loin depuis Toulouse car il y a deux jours de trajet aller/retour au total mais ce massif vaut vraiment la peine. D’autant plus quand on arrive à faire le Gran Zebrù.

Je pense que nous y reviendrons car d’autres sommets majeurs sont à faire dans le secteur du refuge Branca (2487m).

Stéphane